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Bref, j’ai quitté Gmail.

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Je ne suis pas un obsédé de la sécurité, du complot international ni de la crainte de la surveillance permanente. Mais comme pour de nombreuses questions, j’aime avoir mon destin en main et agir avant qu’il ne soit trop tard. Peut-être ne sera-t-il jamais trop tard ? Dans ce cas, tant pis, j’aurais été trop prudent, ce que l’on pourrait difficilement me reprocher.

La collecte de données personnelles à des fins publicitaires semble tout de même être le grand sport de la décennie. (et de l’avenir qui nous attend…) De grandes entreprises qui interviennent dans votre vie quotidienne collectent des infos sur vous, votre vie, votre vie même très privée. En toute logique, ils vous demandent votre accord. Dans la réalité, c’est beaucoup plus compliqué.

L’Europe a mis en place le RGPD en 2018 pour contraindre les sites web à demander explicitement l’accord aux internautes pour collecter des données personnelles et pour les utiliser. Vous ne pouvez plus, par exemple, envoyer automatiquement à vos clients votre newsletter sans leur avoir demandé explicitement leur accord. Mais de nombreuses astuces ont déjà été mises en place pour contourner le RGPD.

Certains sites parlent de données anonymes et disent que ces données n’entrent pas sous la législation du RGPD. Mais cet article de The Conversation France montre bien que les données anonymes sont bien trop faciles à identifier.

Dernièrement, (janvier 2020) une étude montrait que Tinder et d’autres sites de rencontres vendaient les données personnelles de leurs utilisateurs.

Nous avons encore en tête le scandale Cambridge Analytica. (Qui n’est pas lié à Google mais à Facebook)

En début d’année 2020, plusieurs de mes amis qui utilisent un téléphone sous Android ont reçu de Google un mail avec la liste des endroits où ils se sont rendus en 2019.

« Moi, je n’ai rien à cacher ». Combien de fois avons-nous entendu cette phrase ! Lisez cet article publié sur Medium.

Enfin, lisez également cet article « Comment Google traque vos données personnelles »

Je vous renvoie également au livre « Surveillance », de Tristan Nitot.

A partir du moment où vous acceptez de « louer votre vie privée » pour pouvoir utiliser des services gratuits, pour moi, cela pose problème. Cela n’en posait pas lorsque j’ai pris mon compte Gmail, car je n’avais pas conscience de la contrepartie. A partir du moment où je sais que ces sociétés utilisent vos informations au mieux pour de la publicité ciblée, cela m’interpelle. Car si on peut utiliser ces informations pour de la publicité, on peut aussi les utiliser pour d’autres raisons.

Je ne peut m’empêcher, au cas où vous ne le connaîtriez pas, de vous encourager à visiter Nothing to Hide. J’ai projeté le documentaire chez moi, et les plus « relativistes » ont été impressionnés et interpellés par la question.

C’est également pour des questions de respect de la vie privée que j’utilise un Iphone ; ce n’est pas la seule raison (Iphone, c’est tellement plus simple !) mais je sais que Apple n’utilise pas mes informations pour de la publicité. (Alors que c’est le cas d’Android)

Bref. N’y a-t-il pas là quelques raisons de protéger sa vie privée ? Et il n’est pas nécessaire qu’elle soit « scandaleuse » ou activiste pour cela : Je ne vois pas pourquoi je permettrais que mes informations personnelles soient utilisés à des fins commerciales, parfois politiques. Je vous laisse imaginer ce qui va se passer lorsque l’on mettra en place la reconnaissance faciale ou la généralisation des objets connectés.

Déjà, Linux

Il y a deux ans déjà, «  je suis passé sous Linux ». Dans d’autres articles sur ce site, j’ai expliqué les raisons de ce changement, et j’ai conscience que la solution n’est pas parfaite. Enfin, Linux est très bien, mais la suite Microsoft Office, par exemple, est de bien meilleure qualité que LibreOffice. De plus, utiliser un Iphone sous Linux est un peu sportif.

Ceci étant, je ne regrette rien, bien au contraire : Linux est léger, confortable d’utilisation, et pour rien au monde je ne retournerai sous Windows.

Maintenant, Gmail

L’étape suivante consistait à quitter Gmail, et si possible de diminuer au maximum mes traces sur Google. Voici comment j’ai procédé :
1. J’ai pris un nom de domaine personnalisé chez mon hébergeur préféré. Coût : 10€ par an.
2. J’ai pris un compte chez Protonmail, service de courrier électronique crypté et sécurisé en Suisse. Le compte est payant, j’ai pris l’option à 5€ par mois, prélevés automatiquement. (l’abonnement tombe à 4€ par mois si vous payez un an d’un coup)
3. Grâce à mon nom de domaine et mon compte payant chez Protonmail, j’ai pu avoir une adresse mail personnalisée. La modification des DNS de votre nom de domaine pour que cela devienne une adresse relevée par Protonmail se fait bien.
4. L’étape suivante a été la plus difficile. J’utilise Thunderbird pour relever automatiquement toutes mes adresse électroniques. Pour relever une adresse cryptée chez Protonmail avec Thunderbird, il faut installer un « Bridge », disponible pour Windows et MacOs, mais en version Beta pour Thunderbird sous Linux. J’ai demandé le bridge, je l’ai installé. Les indications transmises sont très précises, mais il faut vraiment être attentif et prudent. Ceci étant, « ça marche ». L’interface et la configuration de votre compte Protonmail est vraiment bien faite.
5. J’aurais pu utiliser une adresse chez Fastmail par exemple. Elle n’est pas cryptée, et certainement plus facile à mettre en œuvre sous Thunderbird qu’une adresse chez Protonmail.
6. J’ai fait des tests de Protonmail avant de me lancer. Cela vaut la peine !
7. Restait maintenant à prévenir mes contacts de mon changement d’adresse électronique. Je ne voulais pas envoyer en nombre un courrier à tout mon carnet d’adresses, au risque d’être repéré comme serveur de spam, et corrompre définitivement ma nouvelle adresse mail. Je suis donc passé par un service d’envoi de courrier en nombre, en l’occurrence mailjet.
8. Pour cela, j’ai dû créer une liste propre d’adresses mail. Propre dans le sens que je ne voulais prévenir que mes contacts les plus courant, et propre pour ne pas envoyer ce courrier à des adresses qui n’existent plus, ou à des personnes qui ne se souviennent pas de moi. Étape simple mais longue.
9. Une fois la liste propre importée dans mon compte Mailjet, j’ai envoyé un courrier à 165 contacts.
10. En même temps, j’ai mis en place une réponse automatique sur mon compte Gmail, informant les gens que j’avais changé d’adresse mail, adresse dont ils auront connaissance lorsque je leur répondrai, et je leur priai de ne plus utiliser l’ancienne adresse.
11. Je continue en même temps de relever mon ancienne adresse Gmail sous Thunderbird, et je réponds à ceux qui m’écrivent en utilisant ma nouvelle adresse.
12. J’ai également changé mes abonnements aux newsletters, l’adresse de connexion à certains sites (par exemple pour la SNCF ou les impôts…)
13. Ensuite, pour minimiser mes traces sur Google, je me suis créé un autre compte Google le plus anonyme possible, pour ne pas être connecté à mon ancien compte Gmail lorsque j’utilise le moteur de recherche.
14. Je dois tout me même conserver mon adresse et mon compte Google, pour utiliser des outils tels que Google Analytics, non pas pour moi mais pour certains de mes clients.
15. Mon compte de courrier électronique est donc payant, et je sais que mes informations ne seront pas vendues. C’est également une bonne occasion de faire un peu de ménage dans vos abonnements de newsletter, et dans vos contacts.

Reste à quitter Facebook

J’ai déjà désinstallé Facebook de mon téléphone. Mais comme je cherche à vendre des produits et que quelques clients potentiels sont sur Facebook, j’ai du mal à partir. Je suis également dans quelques groupes de partage de photos de montagne, et là encore, j’ai du mal à partir.

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